Les « 7 questions » – qui sont plutôt des « questionnements » – interrogent la relation de réciprocité que nous entretenons avec le spectacle vivant. Elles nous permettent de questionner de façon spécifique, pour un spectacle en particulier mais aussi de façon plus globale pour le spectacle vivant et l’art en général, notre regard singulier en lien avec l’intention d’un artiste ou d’une équipe artistique. La réciprocité, c’est la rencontre intime entre l’oeuvre et soi-même. C’est une invitation à se mettre à l’écoute du récit singulier et unique qui s’écrit avec le spectacle. Les « 7 questions universelles » sont conçues pour vous accompagner.
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Tous droits réservés La Comédie de Clermont – 2021
Textes © Amélie Rouher, professeure associée à La Comédie
Illustrations © Antoine+Manuel / Gouaches © Antoine Audiau

Introduction

Épisode 1 – L’horizon d’attente
Qu’est-ce que ce spectacle attend de moi ?

Essayer de me demander ce que l’artiste attend de moi, c’est me demander comment son œuvre agit sur moi, c’est me mettre à l’écoute des questionnements, sensations, bouleversements qu’elle suscite en moi. Ne vous dites pas : « Qu’est-ce que ce spectacle veut dire ? » Mais dites-vous : « Qu’est-ce que ce spectacle me dit ».
Dire qui je suis pour un spectacle, ce qu’il attend de moi, c’est créer un pacte de réciprocité intime entre lui et moi.

Épisode 2 – Le pacte de réciprocité
Qu’est ce que ce spectacle attend de moi ?

Essayer de me demander ce que l’artiste attend de moi, c’est me demander comment son œuvre agit sur moi, c’est me mettre à l’écoute des questionnements, sensations, bouleversements qu’elle suscite en moi. Ne vous dites pas : « Qu’est-ce que ce spectacle veut dire ? » Mais dites-vous : « Qu’est-ce que ce spectacle me dit ? ». Dire qui je suis pour un spectacle, ce qu’il attend de moi, c’est créer un pacte de réciprocité intime entre lui et moi.

Épisode 3 – La suspension du jugement
Dans ce spectacle, qu’est ce qui m’a étonné·e ?

En pratiquant l’étonnement, le jugementest automatiquement évacué au profit
d’un retour à l’observation. L’étonnement ne rend pas notre regard plus naïf, il le rend plus attentif, plus humble; il nous permet de quitter nos habitudes et nos réflexes culturels pour nous rendre plus disponible à la proposition artistique. Au lieu de formuler votre jugement de goût ce que j’aime ou de valeur ce que ça vaut, remplacez ces formules par « ce qui m’a étonné·e, c’est… ». Vous pouvez également pratiquer l’étonnement pendant le spectacle au moment où vous sentez poindre un jugement.

Épisode 4 – Le champ émotionnel
Quelles émotions ce spectacle provoque en moi ?

Au théâtre, ce n’est pas la situation qui pose problème – car la situation est fictive et repose sur la fabrication d’une illusion –, c’est plutôt l’idée qu’on s’en fait. Reconnaître ses émotions c’est déjà porter un discours sur elles et donc sur l’expérience que le spectacle nous fait traverser. Lors d’une séquence ou d’un spectacle complexe, au lieu de juger vos émotions, essayez de les identifier en vous disant : « Quand je ressens cela, qu’est-ce que je me dis sur le spectacle ? »

Épisode 5 – Le sens
Quels questionnements pose ce spectacle ?

Devant une œuvre singulière, le propos peut nous échapper, quelque chose se dérobe. On se demande alors : qu’est-ce que ça veut dire ? On cherche les significations dans l’œuvre alors que très souvent c’est l’œuvre qui nous propose de les chercher en nous. Quand vous vous trouvez dans une situation l’incompréhension, pour éviter l’écueil du jugement, dites-vous : « ça me fait penser à… »
Cette petite phrase va convoquer naturellement votre culture personnelle. Ne la censurez pas ! Loin d’être étrangère à ce que vous voyez, elle pourra éclairer votre regard porté sur le spectacle, les questionnements et émotions qu’il vous adresse.

Épisode 6 – La forme
Quel rôle joue l’esthétique ?

Une œuvre articule toujours une certaine vision du monde à une conception formelle. C’est ce qu’on appelle l’esthétique. Quand l’environnement visuel nous paraît agréable tout va bien ; mais quand il est agencé de formes et d’expressions nouvelles, le trouble et le doute s’installent comme souvent dans les esthétiques contemporaines. Si vous vous heurtez à une esthétique, au lieu de la juger, essayez simplement de décrire ce que vous voyez. Observez et demandez-vous à quoi cela vous fait penser. Naturellement, la description vous conduira à l’interprétation. Laissez-la venir ! Vous aurez ainsi construit des éléments de significations de façon totalement autonome et singulière.

Épisode 7 – L’évolution du regard
Qu’est-ce que ce que ce spectacle change de mes représentations ?

Cette question est celle de la rencontre entre le spectateur et l’œuvre, du lien d’influence réciproque qu’ils exercent l’un sur l’autre. Cela peut porter aussi bien sur de toutes petites choses sensibles, merveilleuses, invisibles, que sur de grandes perturbations personnelles ou encore sur nos représentations politiques, morales, esthétiques… Se demander : « qu’est ce qui change ? », c’est créer un mouvement de rencontre, avec l’œuvre et élargir votre regard sur le monde.

Les « 7 questions universelles » sont conçues pour vous accompagner